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Fanny écrivaine

Des extraits de manuscrits

Les trois orphelins-extrait

[...]

FLO, se retournant, sérieusement- Je ne suis pas vide. Je suis vide de moi seulement, du moi déterminé, mais remplie d'amour parce que je veux être libre, même si l'on me prend pour un être désincarné et loin de toutes passions et pensées néfastes. Je ne veux plus m'appartenir, seulement vivre emplie d'amour, d'un absolu inaltérable et inaliénable, j'aspire...

BOBY- Ca y est Madame à sa crise mystique !

JADE- Boby !

BOBY- Ca me fait rire, elle croit posséder la Vérité ! C'est calamiteux !

JADE- Elle s'est au moins intéressée à la philosophie, ce que tu n'as pas fait...

BOBY- Ta gueule Jade ! Ferme ta gueule, tu racontes n'importe quoi !

FLO- L'homme véritablement libre est celui qui se dépouille de la violence et de la haine qu'il porte en lui...

BOBY- Vas-y elle se sent plus :«  Ah ! Je vois : je suis traversée par une vision ! » T'es folle, c'est tout !

FLO, tout en s'en allant- Ne fais pas d'erreur de jugement, ouvre-toi au mystère du dépouillement, à ce que la raison ne peut comprendre, tu ne crains rien, cela ne fait pas peur...

BOBY, en feignant- Ouh ! J'ai peur ! Je te croyais idiote mais pas à ce point ! Flo tu crains !

JADE- Peut-être que sa vraie nature se révèle maintenant, dans sa pureté... tu devrais lire Dostoïevski pour la comprendre...

BOBY, en colère- Ta gueule Jade ! Faut toujours que tu l'approuves, que tu justifies ses gestes, que tu légitimises ce qu'elle dit ! C'est toi la vraie idiote ! J'ai lu ce livre dont tu parles et je peux te dire que t'es une naïve, toujours avec une sensibilité exacerbée, douce, molle, tendre ! Toujours un mot pour être agréable, caresser dans le sens du poil ! Ma pauvre Jade, tu te fais bouffer par ta bonhommie moribonde ! Ta figure bonace m'exaspère et me fait horreur !

Il se lève et sort. Jade demeure immobile, impassible puis, éclate en sanglots.

JADE- Qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai été méchante, mauvaise ? Je lui ai manqué de respect ?... c'est ça, je lui ai manqué de respect ! Je l'ai blessé, je l'ai heurté ! J'ai tout raté avec eux. Il est tellement sensible, suceptible, gentil, je vois dans ses yeux qu'il souffre d'être ainsi, perdu... je vois au fond de lui une grande tristesse que je ne peux pas combler. Maman lui manque. Papa lui manque. Mais je ne peux pas les remplacer, l'aimer comme il voudrait que je l'aime, comme une mère, une femme attentionnée qui le materne. Je suis incapable de l'aimer autrement qu'avec l'affection que je peux lui donner, le peu que je puisse... ça m'est trop douloureux de devoir remplacer maman... parce que je sais que moi aussi j'ai besoin d'amour, mais je n'en donne pas assez, je suis bloquée, bloquée dans ce que je peux faire, je peux dire... je souffre de connaître ce vide intérieur, de ne pas souffrir de la mort de papa et maman et je souffre de ce vide en moi... La pire des souffrances est celle de ne plus pouvoir aimer. On me prend pour une idiote, et pourtant je suis intelligente et ils ne s'en doutent même pas. Je suis faible ! Stupide ! J'essaie d'être aimable, compréhensive mais j'échoue ! Je suis bien idiote sur ce point ; celui de ne pas pouvoir comprendre les êtres comme ils aimeraient être compris.

[...]

Ecrit par: Fanny.

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