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Fanny écrivaine

Des extraits de manuscrits

Connaître Astraià

Nouvelle philosophique autour d'une réflexion sur la liberté. Sommes-nous tous fous à un moment donné? La liberté rend t-elle fou? La vraie liberté est-elle celle de celui qui tente le déraisonnable, l'impensable...? L'absolu de l'amour, sa quête, tout comme la quête de liberté sont-elles des quêtes risquées, inaccessibles à l'homme qui est un être fini. Que peut-on atteindre qui soit difficile? La vraie liberté est-elle un risque à prendre? Est véritablement libre celui qui est considéré comme fou et seul? Ou bien la société est-elle fabricatrice de folies? Liberté: est-elle visible ou invisible? Où la chercher?

" - Tu sais, je me souviens du soir d'avant mais, je me rappelle d'hier soir aussi mais ce qui s'est passé entre, cette durée d'un jour, c'est nébuleux, comme si le temps a été suspendu -j'ai vécu dans un autre temps. Ces médicaments m'ont mise dans un état second, comme de la transe on dirait. Comme quand on te drogue, on dit que le drogué recherche une forme d'absolu dans la prise de drogue, c'est peut-être vrai...

- Des médicaments? lui demandai-je, surpris.

- Oui, ils m'en ont donné, ce qui m'a rendue un peu timbrée... dit-elle avec détachement, le ton un peu abrupt.

- Pourquoi?

Je sentis l'incompréhension monter en moi.

- Parce qu'ils ne voulaient pas que j'écrive, pourtant j'ai été calme et sage. Je leur disais que j'allais mieux et que je n'avais pas besoin de médicaments, que je comprenais, mais, ils ne m'ont pas entendue et m'ont forcée en pensant que je n'étais pas assez calme.

Son ton se précipitait un peu malgré tout, elle semblait ne pas comprendre et s'indigner.

- Quoi? m'exclamai-je, outré.

- C'était après la séance de sismothérapie, les électrochocs quoi. Je ne voulais pas y aller, j'avais peur, il m'ont forcée. J'étais agitée une fois qu'ils l'ont fait, c'était normal non? J'ai eu du mal à me calmer, j'ai cru mourir. Tu sais, c'était après que tu sois parti mais j'étais calme.

Elle angoissait intérieurement, je le voyais bien; sa voix tremblait légèrement. Je sentais sa détresse.

- Mais, ce sont des sauvages! hurlai-je. Des électrochocs? Et pourquoi?

- Pour me punir, je pense, ils n'ont pas apprécié que tu viennes parce qu'on a ri, beaucoup trop. C'est pour ça que je préfère que tu ne viennes pas...

- Mais c'est inhumain! C'est ça qui te tue Carmélia, c'est ça qui t'empêche de vivre! Tu ne peux pas t'enfermer sur toi-même et accepter passivement! C'est ça qui va te rendre folle! Tu es tout à fait saine d'esprit! Tu dois résister, être libre! Je vais tout faire pour te sortir de là! J'irai jusqu'au tribunal, je te prendrais le meilleur avocat! Tu seras libre et épanouie! C'est absurde!

Et je me levai, complètement révolté.

Je me rendis immédiatement à l'intérieur, remonté contre les médecins et la médecine en générale. Ils nous parlent de progrés, d'avenir mais ils sont bêtes!

Férocement, j'empoignai la première infirmière qui passa et lui déclara avec acidité:

- C'est honteux! Dites-moi, Carmélia qu'est-ce qu'il...?

- Monsieur, calmez-vous, s'alarma une autre infirmière qui se précipita vers nous. Monsieur Lagier, arrêtez...

Je la lâchai violemment-elle partit prestement- et je tournai ma tête vers l'autre infirmière: c'était l'infirmière avec sa croix.

- Quoi? hurlai-je. Où est le docteur qui s'occupe de Carmélia, il faut que je lui parle de toute urgence.

- Quel est votre souci?

- Dites-moi où est le docteur, demandai-je hargneusement.

- Calmez-vous,... le docteur Dertine est en rendez-vous extérieur, vous ne pouvez pas le déranger...

- Quand revient-il?

- Tard, ce soir.

- Je l'attendrai.

- Ce ne sera pas possible -elle avait l'air embêtée-, calmement, dites-moi ce qui ne va pas, d'accord?

J'enchaînai spontanément:

- Répondez seulement à cette question: les électrochocs que vous avez fait subir avant-hier soir à Carmélia, c'était une punition, hein? Vous m'avez menti...

Elle resta de marbre.

- Hein? vociférai-je.

Une autre infirmière approcha anxieusement; elle lui fit un geste de la main pour qu'elle ne s'avança pas plus, puis, répondit:

- Oui, parce qu'elle n'a pas été sage, elle n'a pas respecté les consignes: le calme et la séreinité absolus pour tous les pensionnaires, ordre du médecin...

- Mais elle n'a que dix-huit ans! Elle a besoin de vivre comme n'importe qui! Vous lui imposez des régles drastiques, draconiennes à une jeune fille normale qui réagit comme quelqu'un de vivant! C'est inadapté à elle! Et, on était presque seuls dehors, on ne dérangeait personne! rétorquai-je avec ferveur.

Ca me dépassait.

- Et hier, ce n'était pas une crise, hein? renchéris-je avec plus de mordant. Vous l'avez bourrée de médicaments parce qu'elle était apeurée par sa séance d'éléctrochocs, hein?

- Elle n'a pas été gentille, déclara t-elle, impassible.

- Pas gentille? Arrêtez avec ça, je vais saisir la justice pour la faire sortir de là. Vous verrez si elle n'est pas saine d'esprit, voire plus que vous! C'est vous qui la rendez folle avec vos trucs, vous lui boussillez le cerveau, vous la tenez en muselière!

Je fis un mouvement pour sortir mais, elle m'arrêta vigoureusement, brusquement et maugréa:

- Oui, on lui a donné des neuroleptiques pour la calmer, mais c'est dans l'intérêt de sa santé mentale. Savez-vous au moins pourquoi on lui a fait une séance d'élétrochocs ce soir-là?... Nos patients ont droit à de la musique à visée thérapeutique mais, elle en fait un usage détourné... elle...

Elle se tut comme si ce qu'elle allait me dire l'agaçait.

- Venez demain matin à onze heures et vous comprendrez! m'ordonna t-elle sèchement.

Puis, elle me lâcha rageusement et s'en alla.

Tout cela était bien mystérieux, énigmatique. Y avait-il quelque chose que j'ignorais? "

Auteur: Fanny

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